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Il est 7 heures lorsque la troupe de volontaires MEP s’ébranle joyeusement en compagnie du père Bertrand de Bourran, prêtre missionnaire à Tsarahasina, dans le centre du pays. Nous partons en tournée de brousse « adaptée aux femmes » (comprendre 2 jours au lieu de 2 semaines standard). Au programme: visite de villages (très) isolés, marches en brousse (dans la boue(se)), plans de construction d’églises pour de nouvelles communautés chrétiennes. Bref, être présent pour ces chrétiens qui ont rarement de visites et d’enseignements.

Nous, les Waza (Etrangers en Malgache) sommes de grands escogriffes malhabiles pour les malgaches. Mais surtout nous sommes des gens qui nous posons trop de questions, qui anticipons trop sur l’avenir « Combien de kilomètres on va marcher? Où va-t-on dormir? Qu’est ce qu’on va manger? » Le père, plus « malagasse » que waza reste assez imprécis, afin de mieux nous faire goûter aux joies de l’imprévu et de l’inconnu.

Bref nous partons…Arrivés près d’un grand lac, une pirogue double (un cata-pirogue) nous attend. Le père nous dit « Bon, on peut embarquer tout ce qui est fragile sur celle là » (groupe électrogène, caméra, gens..). Nous la chargeons donc et nous rajoutons le poids de huit wazas, certains amaigris par les mois passés à Madagascar, d’autres bien remplumés par les mois passés à Paris dans les brasseries…Après tout, nous nous abandonnons au savoir-faire malgache, et nous nous mettons à l’aise sur notre planche en bois (je n’ai pas encore tiré toutes mes leçons de mes expériences africaines passées). Confiants, nous prenons la route, photographiant les nénuphars et voyant d’un bon oeil le piroguier faire de petits arrêts écopage car l’eau qui nous chatouille les fesses s’infiltre un peu dans la pirogue..

Quand survient le premier « Krac » au milieu du lac, la débrouillardise malgache nous prend de court: une planche de secours est installée immédiatement. Qu’est ce que nous pouvons être stressés nous les petits Wazas! Mais tout à coup c’est le « krac » puis « KRAC » et, abasourdis, nous voilà dans l’eau jusqu’au torse, la pirogue au fond, et les pieds dans la vase. Bien. Nous sortons le sac de la caméra de l’eau et pataugeons pour tenter de sauver le groupe électrogène (utile pour la projection de KIRIKOU pour les enfants des villages)…Nous sommes complétement sous le choc: Marie-Alix tient son appareil photo, hébétée, la caméra heureusement est ok, mon paquet de cigarettes mort….Quand surgit le cri du cœur du groupe de Waza: « Merde, mon vernis à ongle est tout écaillé! » Vous aurez compris les préoccupations des blancs et celle des Malgaches ne sont pas encore les mêmes..

Notre histoire a beaucoup amusé les villageois. On n’avait pas besoin de cela pour les faire rire (naturellement le Waza est drôle, un peu empoté et son langage est bizarre) mais là c’était le pompon. D’ailleurs je laisserai le mot de la fin au piroguier qui narre l’aventure à ses amis « malavomagniralavo…WAZA…..POIDS…..KRAC »

Et oui en plus d’être comique, le Waza est lourd! Et le Malgache très peu rationnel!